La banque britannique RBS a créé la surprise mercredi en annonçant de nouvelles provisions liées à des scandales, fonds de retraite et dépréciations moins de six mois après le début de sa privatisation, ce qui devrait la faire plonger dans le rouge pour l’exercice 2015.
Royal Bank of Scotland (RBS) a notamment expliqué avoir enregistré 2 milliards de livres (2,6 milliards d’euros) de provisions supplémentaires pour faire face aux conséquences de scandales, liés pour l’essentiel au secteur immobilier aux États-Unis.

La banque a précisé que ces charges, enregistrées au titre du dernier trimestre 2015 aux côtés d’un demi-milliard de livres de dépréciation de son activité de banque privée, réduiraient d’autant son résultat net de ce trimestre.
Son directeur général, Ross McEwan, a prévenu en conséquence que les résultats annuels de la banque, qui seront dévoilés le 26 février, devraient être encore dans le rouge, une constante depuis la crise financière. En 2014, la banque avait encore déploré une perte nette de 3,47 milliards de livres et dû annoncer dans la foulée une sévère réduction de voilure de son activité internationale.
Mercredi, l’action RBS chutait de 3,30% à 252,30 pence vers 14H00 GMT à la Bourse de Londres, où elle subissait l’une des pires baisses de l’indice vedette FTSE-100.
Dans le détail, la banque a mis de côté l’équivalent de 1,5 milliard de livres face aux enquêtes dont elle fait l’objet aux États-Unis pour avoir élaboré des produits financiers adossés à des prêts “subprime” mis en cause dans la crise financière de 2008.
La FHFA (Federal Housing Finance Agency), un des régulateurs américains, a engagé des poursuites contre RBS dans cette affaire, qui avait entraîné des pertes énormes pour les investisseurs ayant acquis des titres financiers adossés à des crédits immobiliers toxiques.
Ian Gordon, analyste du secteur chez Investec, a prévenu toutefois que les nouveaux fonds mis de côté par RBS ne comprenaient pas “d’éventuelles provisions liées à un accord potentiel avec le département américain de la Justice et/ou divers procureurs américains qui mènent aussi des enquêtes, avec un calendrier et un coût toujours très incertains”.
– “Accélérer le nettoyage” –
RBS a par ailleurs mis de côté 500 millions de livres supplémentaires pour assumer au Royaume-Uni les demandes d’indemnisation liées au scandale des “PPI”, des assurances destinées à soutenir les emprunteurs qui se retrouveraient dans l’incapacité de rembourser un prêt, immobilier ou autres, ou de faire face aux échéances liées à leur carte de crédit – à cause par exemple de la perte d’un emploi, d’un accident ou d’une maladie.
L’affaire a émergé dans les années 2000 lorsqu’il est apparu que ces PPI, vendues massivement dans les années 1990 par RBS et d’autres banques, comportaient des clauses cachées faisant que l’emprunteur ne pouvait en bénéficier lorsqu’il en avait besoin. Ce scandale a poussé à lui seul le secteur bancaire à provisionner au total la bagatelle de 26 milliards de livres (34 milliards d’euros) jusqu’à présent.
Outre ces deux scandales, RBS a expliqué avoir enregistré une dépréciation distincte de près de 500 millions de livres dans son activité de banque privée au quatrième trimestre. La banque va, en outre, accélérer le versement d’un dû de 4,2 milliards de livres (5,5 milliards d’euros) à un fonds de retraite de ses employés.
“Je suis déterminé à mettre ces questions passées derrière nous et à garantir que RBS soit une banque plus forte, plus sûre”, a expliqué le directeur général de la banque, Ross McEwan, qui a promis d'”accélérer le nettoyage de la banque” cette année.
Sauvée de la banqueroute par l’État britannique pendant la crise financière, RBS est détenue à hauteur de 72,9% par les pouvoirs publics, qui ont commencé en août dernier à vendre, à perte, des parts dans l’établissement.