Mario Draghi, le super-banquier qui fait encore rêver les élites
Un an après son départ de la BCE, Mario Draghi, 73 ans, s’est replié sur Rome. Ses interventions sont aussi rares que remarquées. Il est déjà considéré comme un candidat « naturel » à la succession de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne pour 2022. Mais l’homme qui a sauvé la zone euro de l’implosion en 2012 n’est-il pas aussi l’un des mieux armés pour contribuer à la stratégie européenne de « sortie de crise » post-Covid ?
Sur sa table de chevet, on a retrouvé cinq objets. Sa montre, ses clefs, ses lunettes, son passeport et un carnet de chèques… Ce matin-là, il y a trente-trois ans, à 5 h 30 du matin, un voisin de Federico Caffè a entendu quelqu’un refermer la porte de son appartement du quartier Monti, près du Colisée, à Rome. La veille, comme chaque soir, l’économiste avait encore regardé le journal télévisé en compagnie de son frère, malade, avant de se retirer dans sa chambre, après un frugal souper. Il venait de perdre sa mère, sa gouvernante, ainsi que son meilleur ami, l’économiste Ezio Tarantelli, assassiné par les Brigades rouges. Le 15 avril 1987, Federico Caffè s’est volatilisé, sans laisser de trace. Le chef de file de l’« école Keynésienne » italienne ne sera officiellement déclaré mort qu’en 1998.
Deux décennies après cette troublante disparition, l’Europe entière s’interroge désormais sur les desseins de son plus brillant élève, Mario Draghi, l’ancien patron de la Banque centrale européenne (BCE), qui a laissé son fauteuil francfortois à Christine Lagarde il y a un an. L’homme qui est parvenu à désamorcer la crise de la zone euro dans la dernière décennie pourrait-il aujourd’hui contribuer à sortir l’Europe de l’ornière où l’a fait tomber la pandémie ?
Un rôle -clef dans la sortie de crise ?
« Ira, ira pas ? » Une bonne partie de la classe politique italienne spécule aujourd’hui sur la possibilité de voir Mario Draghi, 73 ans, accéder au Quirinal (la présidence de la République) pour y succéder en février 2022 à Sergio Mattarella, 79 ans, voire au Palazzo Chigi (le Matignon italien), à la tête d’un gouvernement d’« unité nationale », en cas de dérapage dramatique. Beaucoup sont persuadés qu’il jouera – ou devrait jouer – un rôle clef dans la sortie de crise italienne. Certains le voient même assumer de nouveau des fonctions au niveau européen, pourquoi pas inédites, comme celle de ministre européen de l’Economie et des Finances. L’homme qui a ardemment milité en faveur de l’Union bancaire n’a-t-il pas déclaré aux eurodéputés, en 2015, que la monnaie unique reste en danger « tant qu’on ne crée pas plus d’institutions paneuropéennes » ?
Un « Larry Summers» européen
Certains l’imaginent en chef d’une nouvelle Agence de la dette européenne, maintenant que les Vingt-Sept ont fait tomber le tabou de la dette commune. D’autres, enfin, le verraient bien cantonné dans le rôle d’un Bayrou italien, en charge d’un Commissariat au Plan à l’échelle de la péninsule. Mais c’est plutôt un Larry Summers (NDLR: l’économiste-star premier secrétaire au Trésor de Bill Clinton) à l’échelle de l’Europe. A l’heure d’une récession historique, test de solidarité majeur pour les Vingt-Sept, l’ancien directeur du Trésor, devenu gouverneur de la Banque d’Italie pendant cinq ans, après un passage de trois ans chez Goldman Sachs, reste en tout cas l’une des personnalités les plus respectées – et connectées – du continent. Le Nobel d’Economie, Paul Krugman, n’a-t-il pas dit de lui en 2019 qu’il était « peut-être le meilleur banquier central des temps modernes » ? Sa performance à la tête de la BCE lui a en tout cas valu le surnom de Super Mario.
Le risque d’une génération perdue
« Sa parole compte plus que jamais dans un moment de basculement de la pensée économique où on entre dans un univers très difficile à prévoir », confie l’essayiste Alain Minc. A Rimini, le grand rendez-vous politique annuel avec le monde catholique organisé par Comunione e Liberazione, le 18 août, le dernier grand discours de Mario Draghi a frappé les esprits. Il y a lancé un avertissement sévère sur les limites de l’argent magique et la responsabilité historique des gouvernements vis-à-vis des générations futures.
Alors que les Etats s’endettent dans des proportions qu’on aurait naguère jugées impensables, le véritable inventeur du « quoiqu’il en coûte » est l’un des premiers à poser crûment la question : qui va payer la note ? « La dette créée par la pandémie est sans précédent et devra être remboursée principalement par ceux qui sont jeunes aujourd’hui. Il est de notre devoir de veiller à ce qu’ils aient tous les moyens de le faire », a-t-il avancé. « Priver un jeune de son avenir est l’une des formes d’inégalité les plus graves. »
La bonne et la mauvaise dette
Pour son ami, l’économiste Francesco Giavazzi, qui enseigne à la Bocconi à Milan, « à Rimini, Mario Draghi a introduit le nouveau concept de la distinction entre ‘bonne dette’ (l’investissement dans le capital humain qui fait croître l’économie) et la ‘mauvaise dette’ (improductive). Il a exhorté les politiques à utiliser prioritairement les fonds du Plan de relance européen pour la recherche et l’éducation ». Entre les lignes, on pouvait également lire une critique à peine voilée sur le « manque de vision » de l’actuel président du Conseil, Giuseppe Conte, sur l’économie post-Covid.
« Il y a aujourd’hui une forte pression en Italie pour concentrer les investissements sur les infrastructures, ce qui n’est pas forcément le meilleur moyen de stimuler la croissance », ajoute Francesco Giavazzi. Piqué au vif, Giuseppe Conte a révélé, en septembre, à Cernobbio, que Mario Draghi se serait déclaré « fatigué » lorsqu’il lui avait proposé de soutenir sa candidature à la présidence de la Commission européenne en 2019. « Pure perfidie destinée à neutraliser un rival potentiel », tempère un observateur romain.
Fatigué, « Super Mario » ? « A la fin de son mandat, il était au bout du rouleau », reconnaît un ancien collaborateur. Mario Draghi a depuis repris des forces. Ses rares mais percutantes tribunes dans la presse internationale et son discours de Rimini l’ont remis en selle. « Je crois que l’accomplissement du devoir n’est pas une spécialité nationale des Allemands », avait-il confié à l’hebdomadaire allemand « Die Zeit » en janvier 2015. Romain de naissance, ce fils d’un banquier (déjà) et d’une pharmacienne, en a fait la preuve tout au long de son parcours. Orphelin à l’âge de 15 ans, il a eu très tôt le sens des responsabilités. Il a suivi sa scolarité au fameux Institut Massimiliano Massimo des jésuites situé à l’EUR (Esposizione universale di Roma), le quartier mussolinien au sud de Rome. Là, il y a croisé le futur patron de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo, et le banquier Luigi Abete, l’influent président de la Banca Nazionale del Lavoro. Sa formation jésuite explique en partie son pragmatisme.
Comme son mentor, Federico Caffè, c’est un Européen convaincu. Même si, ironiquement, le futur sauveur de l’euro a initialement démoli dans sa thèse de doctorat le plan Werner de 1970 sur la première tentative de création d’une monnaie unique. Chaque chose en son temps. « Caffè nous a enseigné à nous découvrir nous-mêmes, à penser avec notre tête, pas à nous plier à des credo contraignants », a expliqué Mario Draghi. Très vite, l’économiste en herbe s’affranchit du provincialisme de la péninsule. Sur les conseils de Caffè, il obtient une bourse d’études au MIT où, dans les années 1970, il s’est rapproché de Franco Modigliani, futur Prix Nobel d’économie. Après une carrière universitaire classique, il prend goût à la chose publique à la Banque mondiale et au Trésor et enchaîne les plus hautes responsabilités (voir encadré).
Un maniaque de la sobriété
A ce jour, Draghi reste « une énigme », comme le constatait déjà le « Financial Times » en 2011. Discret jusqu’à l’obsession, l’ancien élève des jésuites protège sa vie privée avec un soin maniaque et cultive l’« understatement ». Selon son biographe, Marco Cecchini (1), il fuit les mondanités comme la peste. Il est un solitaire ultra-connecté qui dialogue régulièrement avec Emmanuel Macron ou Angela Merkel. La recherche de la solitude est pour lui surtout une forme de discipline : « Elle lui permet de se mouvoir librement et, s’il le souhaite, de visiter un musée, d’aller voir une expo, de déjeuner seul ou de rencontrer qui il veut en privé. » Avant de découvrir le golf, il préférait jouer au tennis dans des clubs de quartier. Il habite un appartement banal, sinon modeste, dans le quartier résidentiel chic des Parioli, aux abords de la villa Borghese, à Rome.
Discret jusqu’à l’obsession, l’ancien élève des jésuites protège sa vie privée avec un soin maniaque et cultive l’understatement
Rien d’ostentatoire, il est même dans un certain culte de la sobriété. Même à Jackson Hole, le grand rendez-vous informel des banquiers centraux dans le Wyoming, « Super Mario » n’abandonnait jamais sa cravate bleue, quand ses homologues osaient le chandail coloré. Il est marié depuis plus de quarante-cinq ans à Serena Cappello, lointaine descendante de Bianca Cappello – la seconde épouse de François Ier de Médicis, empoisonnée à l’arsenic comme son illustre époux. Sa fille, Federica, née à Boston, diplômée en biochimie, oeuvre pour Genextra, la star de la biotech italienne fondée par le financier Francesco Micheli. Après plusieurs années chez Morgan Stanley, son fils, Giacomo, a rejoint le fonds spéculatif LMR Partners, à Londres. Mais tous observent une discrétion exemplaire…
Les sept vies de Mario Draghi
1977 Doctorat en économie au MIT de Boston.
1975-91 Professeur d’économie à l’université de Trente, Padoue, Venise et Florence.
1984-90 Administrateur à la Banque mondiale.
1991-2001 Directeur général du Trésor italien : il lance la vague de privatisations italiennes (Autostrade, ENI, Enel, Telecom Italia, BNL…).
2002-05 Vice-président et directeur général de Goldman Sachs International, à Londres.
2006-11 Gouverneur de la Banque d’Italie et président du Comité de stabilité financière.
2011-19 Président de la Banque centrale européenne.
Le comte Draghila
« On ne sait jamais ce qu’il pense derrière son visage impassible », confiait le chef économiste d’ING, Carsten Brzeski, au « Wall Street Journal ». Le sphinx sommeille chez ce faux technocrate que les tabloïds allemands surnommaient volontiers « Comte Draghila ». « L’homme qui vampirise nos comptes bancaires ! » éructait encore la « Bild Zeitung », quelques semaines avant sa sortie de scène, à Francfort, en référence à la politique de taux zéro qui pénalise les sages épargnants. « Wolfgang Schäuble [l’ex-ministre allemand des finances, NDLR], plus ‘faucon ‘, lui a rendu la vie très compliquée. Jusqu’au bout, il n’a jamais réussi à convaincre l’opinion publique allemande », regrette l’un de ses proches collaborateurs.
Mais jusqu’au bout, Mario Draghi a tenu le cap de sa politique ultra-accommodante (injection de liquidités, baisse des taux d’intérêt, achats massifs d’actifs financiers…). Il a le cuir dur et le sang froid. « C’est un méridional prussien souvent attiré par l’Allemagne », ironise le politologue Yves Mény, fin connaisseur de la politique italienne. Même lorsqu’une jeune militante du groupe féministe des Femen s’est ruée sur son bureau en lui jetant des confettis à la figure pour dénoncer la « dictature de la BCE », en pleine conférence de presse, en 2015, il est resté de marbre. Tout juste un éclair d’incompréhension est-il passé sur son visage.
Sa récente nomination par le pape à l’Académie pontificale des Sciences sociales, où il rejoint le Nobel américain Joseph Stiglitz ou l’économiste Dani Rodrik (Harvard), confirme ses liens solides avec la sphère catholique. Selon Marco Cecchini, Mario Draghi est surtout un « pragmatique de luxe », « à la fois un peu Machiavel et un peu Talleyrand ». A la tête de la BCE, sa préoccupation majeure était de ne « pas passer pour un ami des pays indisciplinés ». Au plus fort de la crise de 2012, le destin a voulu que deux anciens de l’école des jésuites, deux Mario, se retrouvent au coeur du réacteur. L’un à la tête de la BCE, l’autre (Mario Monti), à Rome, pour éviter à son pays l’humiliation d’un défaut de paiement. Ils ont oeuvré ensemble pour éviter l’implosion de la zone euro.
Le jésuite et le diplomate
« A la fin de son mandat, Macron et Merkel étaient béats d’admiration devant Draghi, son art d’être succinct et d’aller droit au but tout en captivant son audience, s’emballe un ex-collaborateur. Il épatait Macron et rassurait Merkel. Il a un vrai don : une intuition formidable des marchés et le sens du vent. »
Grand admirateur de Draghi, Macron a même salué son action par un tweet particulièrement louangeur. Certes, son style tranche avec celle qui lui a succédé à la tête de la BCE. Malgré quelques points communs – tous deux ont perdu leurs parents très jeunes et ont un lien fort avec les Etats-Unis, lui avec le MIT à Boston, elle avec Baker & McKenzie à Chicago -, tout les distingue. Autant il est « jésuite et mystérieux », autant elle est extravertie et « cash » à l’américaine. Lui préfère user de messages feutrés. « Pour écrire ses discours, il procède souvent par soustraction, comme faisait Michel-Ange avec ses sculptures », indique l’une de ses anciennes plumes. Mais il fait mouche. « Mario est un grand expert des marchés – ce qu’elle n’est pas ».
« Il est très sûr de son diagnostic »
En revanche, Christine Lagarde est beaucoup plus diplomate et consensuelle. Sa force est de pouvoir « vendre cette soupe impossible de la politique monétaire au grand public, explique un initié. Elle adore la télévision et les réseaux sociaux, alors qu’il n’a jamais voulu de compte Twitter ». « Super Mario » prend-il encore parfois son téléphone pour distiller ses conseils à celle qui s’est surnommée elle-même « La chouette », en dehors du traditionnel clivage entre faucons orthodoxes et colombes généreuses ? Ne serait-ce que pour éviter une nouvelle gaffe comme celle de la mi-mars, quand l’ancienne directrice du FMI a fait chuter les Bourses européennes en déclarant que la mission de la BCE n’était pas de « réduire les écarts de taux » ? A cette question, l’entourage de la présidente botte en touche. « Il n’aurait pas l’orgueil de lui donner des conseils », souffle un connaisseur. Sans renier l’héritage, la « chouette » a adopté son propre style.
Il a la trempe intellectuelle et le courage nécessaire pour passer de la théorie à l’action
« La grande force de Draghi, c’est qu’il est à la fois économiste et banquier central. Il est très sûr de son diagnostic. Il a la trempe intellectuelle et le courage nécessaire pour passer de la théorie à l’action », estime l’économiste Natacha Valla, passée par la BCE avant d’être nommée doyenne de l’Ecole du management et de l’innovation de Sciences Po en septembre. Nombre d’économistes voient encore comme un miracle sa capacité à transférer sur le bilan de la BCE une partie substantielle de la dette publique italienne – en bonne intelligence avec Angela Merkel.
En revanche, la gauche radicale italienne lui reproche encore d’avoir été le grand artisan du programme de « privatisations sauvages » italiennes (IRI, Telecom, Comit, ENI, Enel…), lancé à bord du yacht royal Britannia de la reine Elizabeth en 1992, dans le port de Civitavecchia, alors qu’il était directeur du Trésor… Dans certains milieux conspirationnistes, il en a gardé l’étiquette de « Mr. Britannia », l’homme qui a bradé les joyaux de l’Italie aux « corsaires de la dérégulation » de la City. « C’est une de ces fausses représentations qui pèsent encore sur son image en Italie », déplore Ferruccio De Bortoli, l’ancien directeur du « Corriere della Sera ».
L’appel de Rimini
A la BCE, son bilan fait globalement l’unanimité, à quelques réserves près.Son discours du 26 juillet 2012 restera dans les annales pour les trois mots magiques – « Whatever it takes » – qui ont stoppé net les spéculations contre les Etats-membres les plus faibles de la zone euro. Mario Draghi signifiait ainsi que son institution maintiendrait l’intégrité de cette zone monétaire objectivement bancale « quoi qu’il en coûte ». « Cette formule a été son coup de génie : cela voulait dire ‘je m’affranchis de l’Allemagne ‘» : c’est là qu’il a fait preuve de courage politique », estime l’économiste Michel Ruimy, professeur à Sciences Po Paris.
En revanche, l’un de ses rares détracteurs le plus virulent: le gestionnaire de fonds et stratège Felix Zulauf, le « Warren Buffett » suisse, reste très critique sur sa politique «criminelle» de taux négatifs qui aurait «fragilisé les banques, plombé les systèmes de retraite et sacrifié les épargnants» . Pour Patrick Artus, chef économiste de Natixis, nettement plus nuancé, il ne fait aucun doute que « Super Mario » a évité l’éclatement de la monnaie unique. L’économiste français est plus réservé sur sa politique « accommodante » (de taux bas, voire négatifs) qui non seulement n’a pas contribué à redresser l’inflation, mais a peu soutenu la demande et l’investissement des entreprises. Pour lui, le «quantitative easing» a surtout fait flamber l’immobilier et creusé les inégalités entre propriétaires et locataires.
Toutes les capitales nationales n’ont pas forcément reçu le bon message : « Aujourd’hui, le niveau de productivité est encore plus bas en Italie qu’au moment de la création de l’euro, sans compter un appareil d’Etat catastrophique et un vieillissement préoccupant des élites », ajoute Patrick Artus. En outre, sur le CV de Mario Draghi, ses trois années passées chez Goldman Sachs, la banque qui a largement contribué aux débordements du capitalisme financier, restent, aux yeux des puristes de l’intérêt général, une tache embarrassante. Lui s’est toujours défendu d’avoir eu vent des astuces comptables orchestrés par la banque d’affaires pour permettre à la Grèce d’entrer dans la monnaie unique.
Les limites de l’argent magique
Encensé par les puissants, critiqué mais respecté par les iconoclastes comme l’ancien ministre des Finances grec Yánis Varoufákis… Tout porte à croire, en tout cas, que « Super Mario » n’a pas l’intention de disparaître de la scène à l’instar de son vieux mentor. De sources concordantes, Sergio Mattarella, militerait ardemment pour faire de lui son successeur à la présidence de la République italienne. « Un bonne partie du centre droit, Silvio Berlusconi en tête, devrait lui apporter son soutien », note l’ancien président du Conseil, Enrico Letta. « Il n’est pas un homme de batailles. Mais Mario Draghi ne dira certainement pas non à la Présidence. Si la majorité actuelle tient jusqu’au 30 juin 2021 (début du « semestre blanc » où le président italien ne peut plus dissoudre les Chambres, NDLR), il ferait un excellent candidat pour le centre droit, y compris Berlusconi et la Ligue », opine Ferruccio De Bortoli.
D’autres, comme le banquier Corrado Passera (ancien ministre du Développement de Mario Monti) le verraient plutôt en secrétaire général de l’ONU. Trop de gens le voient à trop d’endroits pour que Mario Draghi ne revienne pas, un jour, sur le devant de la scène. Comme s’il ne lui suffisait plus d’être déjà entré dans l’histoire.
(1) « L’Enigma Draghi », Marco Cecchini. Fazi Editore, mai 2020.
Du cercle Bilderberg au Vatican
Membre de longue date du Bilderberg Group, le club ultrasecret créé en pleine guerre froide avec la bénédiction de la CIA, où il a croisé Emmanuel Macron, Christine Lagarde et Benoît Coeuré en 2014, à Copenhague, Mario Draghi a aussi un pied au Vatican. En juillet 2020, il a été nommé par le pape François membre de l’Académie pontificale des sciences sociales, sur proposition des autres membres. Fondé en 1994 par Jean-Paul II, ce « think tank » du Vatican est chargé de réfléchir à l’évolution de la doctrine sociale de l’Eglise. Mario Draghi y a rejoint notamment le Prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz et l’économiste et géographe français Gérard-François Dumont.
Source: www.lesechos.fr
« Pour beaucoup, M. Mario DRAGHI est considéré comme le meilleur banquier central des temps modernes. D’ailleurs, les superlatifs à son égard ne manquent pas. Il semblait donc évident de mettre en avant cet Homme. Son parcours est impressionnant et étonne les plus grands. Quelque soit l’endroit où il est passé, il laisse une incroyable empreinte et fait quasiment l’unanimité.
L’homme aux sept vies va-t-il s’arrêter là ou compte-t-il s’investir dans d’autres fonctions ?
Non des moindres, certains le voient prendre la succession de M. Sergio MATTARELLA à la Présidence de la République Italienne. Qu’en pensez-vous ? »
Antoine ALIOTTI