La banque d’investissement américaine va apporter son soutien financier à des associations et entreprises porteuses d’emploi dans les quartiers défavorisés.
« La création d’emplois ne peut pas venir que de l’Etat, elle dépend surtout des associations et des entreprises. » Mardi midi, Jamie Dimon, le PDG de la banque américaine JP Morgan a donné un discours éclair à la Maison des Compagnons du Devoir de Pantin.
Il s’y était déplacé pour annoncer un investissement exceptionnel de sa banque à hauteur de 30 M$ (26 M€) sur cinq ans pour venir en aide aux associations et entrepreneurs des quartiers défavorisés, principalement en Seine-Saint-Denis. Un financement inscrit dans un plan plus large de 500 M$ (437 M€) baptisé « Advancing Cities », qui prévoit également de soutenir les villes américaines de Detroit, Washington et Chicago.
Mais quel intérêt ce mastodonte bancaire a-t-il à en tirer ? « Quand la société va bien, les entreprises vont bien et les actionnaires aussi », estime Peter Scher, son directeur International RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). L’établissement soutenait d’ailleurs déjà depuis plusieurs années des acteurs de la Seine-Saint-Denis à l’instar du cabinet de recrutement Mozaïk RH, qui lutte contre les discriminations sur le marché du travail, ou l’école numérique montreuilloise Simplon. JP Morgan va notamment s’appuyer sur ce réseau pour financer de nouveaux projets porteurs d’emplois.
300 000 € pour Mozaïk RH
« Ce plan d’investissement va nous permettre de développer un programme expérimental de recrutement dans les métiers de l’écoconstruction, détaille ainsi Saïd Hammouche, le fondateur de Mozaïk RH, originaire de Bondy. On va aller chercher des ingénieurs en banlieue, dont les profils sont souvent discriminés et les mettre en contact avec des entreprises qui embauchent dans ce domaine. » Son cabinet va toucher 300000 € de JP Morgan. « Avec cela, on s’est fixé un objectif de 200 recrutements », précise-t-il.
D’une manière plus générale, l’établissement bancaire souhaite que les entrepreneurs de Seine-Saint-Denis prennent part aux opportunités offertes par l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 et la création du métro Grand Paris Express d’ici 2030. « Ils ne doivent pas être laissés de côté de ces chantiers qui vont booster l’emploi dans les années à venir », souligne Stéphanie Mestrallet, vice-présidente Global Philanthropy à JP Morgan.
L’organisme remercié par la ministre du Travail
« Ce plan d’investissement ne peut qu’aider notre territoire », apprécie le président (PS) du conseil départemental, Stéphane Troussel, qui va également orienter la banque vers des acteurs porteurs d’emploi, notamment en matière d’économie sociale et solidaire. Mais l’élu ironise tout de même : «Si un établissement comme JP Morgan a compris que c’était important d’investir chez nous, il serait temps que les hautes autorités le comprennent aussi.»
Invitée à Pantin, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a justement remercié la banque américaine pour son investissement en Seine-Saint-Denis qu’elle a qualifié de « priorité des priorités » en dépit du récent rapport parlementaire qui dénonce les manquements de l’Etat sur le département. Et qui n’a donné lieu à aucune annonce pour l’instant.
Source : leparisien.fr